Allège : partie d'un mur ou d'une structure en dessous d'une fenêtre.
Art Nouveau : Style* se voulant résolument novateur, qui souhaitait se défaire des références passées au profit d'influences naturalistes et exotiques (japonisantes...) pour exprimer entre autres les nouvelles possibilités offertes par les innovations... Il faut distinguer deux variantes dans ce style, qui aura été celui dont le cycle aura été le plus court (1895-1906) : l'Art Nouveau floral, caractérisé par les arabesques florales et la stylisation de la nature, et l'Art Nouveau géométrique, plus présent en Europe centrale, qui simplifie les ornements architecturaux et annonce quelque part l'Art Déco qui apparaitra par la suite... Le nom Art Nouveau renvoie à la maison de l'Art Nouveau, créée par un collectionneur d'art, Samuel Bing, amateur d'antiquités asiatiques, rue Chauchat, construite par Louis Bonnier en 1895 et détruite quelque trente ans après...
Exemples d'architectes réputés en France appartenant à cette tendance : Guimard Hector (1867-1946), Lavirotte Jules (1864-1929), Sauvage Henri (1873-1933)...
Arc surbaissé : qui forme un arc inférieur à un demi-cercle. Ce type d'arc devient très courant en France à partir de la fin du XVIIème siècle, jusqu'au début du XXème et la fin de l'éclectisme*.
Arts & Crafts : Mouvement artistique anglais d'origine, prônant un retour à l'artisanat et aux expressions antérieures à la Renaissance (le pré-raphaélisme). Il va, en architecture, profondément influencer la composition des habitations britanniques, en subordonnant la volumétrie du bâtiment à la destination* de chacune de ses parties, dans une optique de vérité contrastant par exemple avec les ensembles des crescents néo-classiques des grandes villes paraissant des palais alors que cela consiste en une juxtaposition d'habitations particulières. Le gothique sera la principale source d'inspiration de ce mouvement, qui s'étendra en Europe suite à la réputation de confort des nouveaux logements construits suivant cette doctrine. William Morris en est le principal représentant en Angleterre.
Avant-corps : Elément de la composition de la façade avancé par rapport au nu* principal de celle-ci. Contrairement à l'oriel, il repose directement sur le sol.
Balustrade (ou balustre) : Elément décoratif couronnant généralement une terrasse, formant garde-corps (protection contre le vide).
Bandeau : Elément horizontal en saillie séparant deux étages entre eux, évitant comme les corniches les problèmes d'infiltration d'eau.
Bichromie : combinaison de deux couleurs d'un matériau ou d'une peinture.
Bipartition spatiale : division spatiale répondant à une convention fonctionnelle apparue dans l'avant-garde architecturale de l'entre-deux-guerres. Les espaces à vivre ("de
jour") occupent une partie clairement distincte de ceux qui sont intimes ("de nuit").
Bouchardé : taille grossière d'un matériau (notamment la pierre), en vue de leur conférer un caractère massif.
Bow-window : le terme anglicisé d'oriel (voir ce terme). Littéralement "fenêtre en arc".
Calepinage : Eléments de composition ou d'ornementation obtenus par le biais des joints entre les différentes composantes des matériaux employés.
Chaînage : disposition des pierres caractéristique, superposant une plus grande longueur sur une plus petite, formant un motif décoratif au niveau des jambages* des fenêtres ou des angles, couramment ennobli à l'époque classique et à la Belle Epoque.
Chanfrein : Raccord entre deux droites formée par une troisième droite en diagonale par rapport aux deux précédentes.
Circulation : terme désignant les couloirs desservant les différentes pièces.
Classicisme : Se référant au style* en vigueur sous le règne de Louis XIV, notamment appliqué à la colonnade est du Louvre et au château de Versailles. Il est spécifiquement français, et se veut à la fois adapté aux volontés absolutistes de la monarchie de l'époque et libéré des influences italiennes. Certaines des réalisations de l'époque semblent anticiper un certain "rationalisme" dans la simplicité de la mise en œuvre de la construction (comme l'Observatoire de Paris).
Exemples d'architectes réputés en France appartenant à cette tendance : Hardouin-Mansart Jules (1646-1708); Perrault Claude (1613-1688).
Clef-de-voûte : partie de l'arc (qui peut être plat, autrement dit s'assimiler à un linteau...) effectuant la jonction entre le reste des pierres le composant (appelées claveaux ou voussoirs). Son rôle structurel est essentiel pour le maintien de l'arc.
Console : pierre en encorbellement, en surplomb de la partie qui doit être soutenue (généralement un oriel* ou un balcon).
Cour ouverte : Cour qui se déploie sur la rue, ouverte sur celle-ci par l'un de ses côtés. Cette disposition, évoquant en partie celle des hôtels particuliers parisiens, sera en vogue dans l'entre-deux-guerres, notamment par le fait que cela offrait la possibilité de déployer autant que possible la façade sur rue, ce qui était important suivant la doctrine hygiéniste. Elle disparaîtra quasiment dès l'après guerre.
Distribution : renvoie aux dispositifs spatiaux qui permettent l'accès aux différentes pièces de l'immeuble.
Eclectisme : correspond à un style* architectural. Rapidement, style apparu au XIXème siècle reprenant des caractéristiques à d'autres styles anciens, tout en les adaptant aux
normes, conventions et usages de confort émergeant à l'époque.
Exemples d'architectes réputés en France appartenant à cette tendance : Garnier Charles (1825-1898); Girault Charles (1851-1933); Marcel Alexandre (1860-1928).
Eclectisme archéologique : mouvement de la fin du XIXème et début du XXème siècle consistant à reprendre de manière suffisamment fidèle un style* déjà existant tout en l'adaptant aux contraintes d'alors de confort et d'hygiénisme. Il sera très en vogue les quelques années précédant la Grande Guerre, alors que le style* néo-classique (dit parfois erronément Louis XVI) est très apprécié. Ces immeubles annonceront en partie, par leur simplicité et le retour à l'antique, le style* Art Déco en gestation.
Elévation : Projection sur un plan vertical des éléments de façade ; par raccourci, peut désigner une façade.
Enfilade : Composition spatiale consistant en une succession de salles reliées entre elles par une série de percements disposés en droite. Cette tradition importée d'Italie sous la Renaissance a été adoptée sous le classicisme* et est restée prégnante jusqu'au début du XXème siècle pour l'habitation.
Escalier hors-oeuvre : désignant un escalier se situant en dehors du volume du bâtiment. Il s'agit de la formule généralement employée pour les escaliers des maisons moyenâgeuses
et des châteaux de la Première Renaissance (celle des Châteaux de la Loire). Elle reviendra en grâce au XIXème siècle avec l'influence des rationalistes* qui puisent leur inspiration justement de
ces périodes.
Exposition des Arts Décoratifs de 1925 : Cette importante exposition, comparée par certains comme un événement équivalent à celles universelles, est généralement considérée comme celle ayant lancé le style Art Déco aussi bien dans les Arts que dans l'Architecture (bien que cela ne soit pas totalement vrai, certains immeubles d'avant-guerre pouvant s'inscrire dans ce style...). De grands architectes ont réalisé les pavillons, tous disparus ; citons entre autres Henri Sauvage pour la succursale du Printemps Primavera, le pavillon de l'Esprit Nouveau de Le Corbusier (qui abritait par ailleurs le fameux Plan Voisin), ou le pavillon du Tourisme de Robert Mallet-Stevens.
Habitations à Bon Marché (H.B.M.) : Logements précurseurs des Habitations à Loyers Modérés (H.L.M.). Construits par des Offices départementaux ou municipaux, par des architectes parfois très réputés en leur temps, ce programme constituait une réelle nouveauté au début des années 1900, et faisait l'objet de recherches. Celles-ci étaient effectuées pour des fondations privées à l'origine (les Offices ne furent réellement créées au meilleur des cas que juste avant la Grande Guerre). Le concours qui lança la forme et le type d'habitation moderne des H.B.M. fut celui de la Fondation Rothschild pour les immeubles de la rue de Prague (1905) : Tony Garnier suggéra même l'ancêtre de la barre d'immeuble (mais son projet fut écarté...)... Les concours du Ministère de la Reconstruction d'après-guerre, recherchant les techniques de préfabrication en chantier, sont également restés célèbres.
Imposte : Couronnement du jambage* d'un arc, désignant par extension une ouverture située au dessus d'une porte ou d'une fenêtre, séparée par une composante secondaire de la structure ou de la menuiserie.
Jambages : Eléments des murs formant les extrémités latérales verticales des fenêtres et portes. La distance entre les murs extérieur et intérieur d'une fenêtre se nomme l'embrasure de celle-ci.
Jointoyer : Fait de lier différents composants de matériaux entre eux.
Linteau : partie d'un mur ou d'une structure surmontant une fenêtre.
Loggia : Renfoncement d'une façade formant un balcon couvert, intégré dans la composition d'ensemble, entouré par trois de ses côtés par des murs.
Maître d'oeuvre : Terme désignant l'architecte, le responsable du chantier de la construction lancée par le destinataire.
Maître d'ouvrage : Terme désignant le commanditaire de la construction, qui peut faire, en théorie, selon les législations en vigueur, appel ou non à un architecte (en France, ce dernier est requis pour toute construction atteignant ou dépassant les 170 mètres carrés).
Modénature : Ensemble de la composition formée par le calepinage des matériaux et les ornements (classiques ou non) de celle-ci.
Modernisme : En architecture, terme délicat à manier en raison des évolutions stylistiques* et historiques au fur et à mesure des périodes. Il désigne, cependant, dans le milieu,
le plus couramment, les tendances adoptées par les architectes d'avant-garde dans l'entre-deux-guerres, qui aspiraient à une esthétique nouvelle plus adaptée aux mutations socio-économiques
d'alors (notamment l'industrialisation, la standardisation, et l'hygiénisme...). L'effet décoratif, ou plutôt plastique, des constructions concernées, ne devrait être obtenu que par un travail
mathématique associé aux proportions (rectangle d'or...). Si les rationalistes adhérent en partie à ces propositions, ils critiqueront à partir de la fin des années 1920 l'utilisation
systématique des enduits blancs, dissimulant pour eux la structure véritable des édifices, et les entorses au confort qu'induisent l'application stricte de cette doctrine. Le modernisme se sera
imposé après-guerre jusqu'à la fin des années 1960...
Exemples d'architectes réputés en France appartenant à cette tendance : Mallet-Stevens Robert (1886-1945); Le Corbusier (Jeanneret Charles-Edouard) (1887-1965); Lurçat André (1894-1970); Ginsberg
Jean (1904-1983)...
Dans certaines régions, notamment en Espagne, le terme désigne l'Art Nouveau local.
Modillons : Motif décoratif formant des consoles* en miniature, régulièrement scandées, semblant soutenir une corniche. Hérité de l'art roman.
Nu : verticale principale, de référence, d'un bâtiment.
Oriel (ou bow-window) : Saillie par rapport à la façade principale, occupant normalement une ou deux travées de celle-ci. Existant dès le Moyen-âge, prohibées dès la Renaissance pour des questions de sécurité, puis par le règlement haussmannien pour des questions d'harmonie, la recherche de pittoresque de certains architectes et plus prosaïquement le gain d'espace qu'elles procurent encouragea leur réapparition. A Paris, d'abord autorisées sous forme d'un matériau provisoire à partir de 1884, tolérées à la fin du XIXème siècle en dur, elles furent définitivement légalisées en 1902 par un règlement mis en place par Louis Bonnier. Elles passèrent de mode après-guerre mais font aujourd'hui l'objet de réinterprétations.
Parti (-pris architectural) : manière, méthodes, et moyens employés par l'architecte pour exprimer l'essence de son projet.
Pergola : Elément décoratif ou construction de jardin constituée de poutres horizontales soutenues par des poteaux ou colonnes.
Pittoresque : consiste à renforcer les effets obtenus par l'emploi d'un style*, souvent pour apporter du signifiant, de l'apparat à une réalisation, parfois au détriment de la
lisibilité du projet.
Post-haussmannisme : désignant les constructions datant entre 1870 et 1914, traitées suivant le même registre, mais en plus opulent et expressif, que les réalisations haussmanniennes (datant du
préfet Haussmann). Néanmoins, le règlement d'urbanisme de la ville de Paris de 1902 aura modifié de manière importante le développement de la forme, la morphologie de ces édifices.
Programme (ou destination) d'un édifice : terme désignant les fonctions pour lesquelles la construction est affectée.
Rationalisme : Selon Viollet-le-Duc, qui a été le premier à théoriser cela, "en architecture, il y’a […], deux façons nécessaires d’être vrai. Il faut être vrai selon le
programme, vrai selon les procédés de construction". Cette citation marque bien l'essence du rationalisme : exprimer dans l'édifice la destination, ce à quoi il est utilisé (ainsi que sa
signification sociale...), tout en affirmant les principes structurels présidant sa construction, généralement au détriment des éléments les plus décoratifs (ou alors via la réinterprétation de
l'ornement...). Cette philosophie, en germe en France dès le XVIIIème siècle, se répandra dans de nombreux pays européens à la fin du XIXème siècle. Elle incarnera la modernité de la Belle Epoque
à la fin des années 1920, où l'avant-garde architecturale se réclamera d'un modernisme* plus radical, exprimant plus franchement les valeurs contemporaines supposées d'alors en construction,
l'industrialisation du bâtiment et l'hygiénisme.
Exemples d'architectes réputés en France appartenant à cette tendance : Plumet Charles (1861-1928); Garnier Tony (1869-1948); Sauvage Henri (1873-1933); Perret Auguste (1874-1954); Roux-Spitz
Michel (1888-1957)...
En Italie, ce terme désigne l'architecture avant-gardiste de l'entre-deux-guerres.
Rationalisme classique : "A partir du tronc commun rationaliste, trois grandes branches s'élancent. La première, [le rationalisme classique], se prolongera, dans le premier tiers du XXème siècle, à travers le rationalisme constructif des frères Perret [...]. La poste centrale de la rue du Louvre est, durant le second XIXème siècle, le manifeste de cette architecture emprunte de retenue formelle, et qui utilise la culture classique de la régularité pour conférer une expressivité architecturale à la régularité des structures constructives. Cette attitude est à l'origine d'une épuration des formes et d'une réduction drastique de l'ornement desquelles émergeront certains des traits les plus caractéristiques de l'architecture moderne, telle qu'elle sera formalisée pendant l'entre-deux-guerres" (LAPIERRE Eric, "1853-1902, rationalisme et pittoresque", Identification d'une ville, architectures de Paris, Paris, Pavillons de l'Arsenal et Picard, 2001, p.41). Par la suite, Charles Plumet, tout en restant dans des compositions relativement classiques, parviendra à intégrer des éléments du pittoresque en les liant via des éléments architecturaux stylisés et lissés. L'immeuble du 50 avenue Victor Hugo reste comme l'exemple le plus célèbre. Cela ouvrira la voie à un renouvellement du rationalisme classique qui ne refusera pas forcément la recherche volumétrique, mais tentera de gommer ces aspérités dans une composition d'ensemble.
Rationalisme pittoresque : "La troisième branche du rationalisme est constituée par la tendance pittoresque qui aboutit, dans la dernière décennie du XIXème siècle, à l'œuvre à la fois débridée formellement et rationnelle constructivement d'Hector Guimard. Directement sous-tendu par les thèses de Viollet-le-Duc, [leur] travail [...] explore systématiquement des modes de composition asymétriques, alors plus couramment en usage en Angleterre ou en Belgique qu'en France" (LAPIERRE Eric, "1853-1902, rationalisme et pittoresque", Identification d'une ville, architectures de Paris, Paris, Pavillons de l'Arsenal et Picard, 2001, p.41). Cette tendance s'assagira dans l'entre-deux-guerres et jouera surtout dans la juxtaposition des matériaux, qui inclura entre autres le béton. Certains architectes trouveront également le pittoresque dans l'essence même du matériau, notamment dans le cas de la brique.
Rationalisme structuraliste : "La seconde branche est constituée d'œuvres d'architectes qui tentent de trouver un nouveau langage dans l'expression pure et simple de la structure et du système de construction. Naturellement, les bâtiments industriels [...] constituent un terrain privilégié pour cette recherche d'un vocabulaire architectural qui tente de s'affranchir des contraintes et des acquis de l'histoire, afin de développer une architecture totalement nouvelle" (LAPIERRE Eric, "1853-1902, rationalisme et pittoresque", Identification d'une ville, architectures de Paris, Paris, Pavillons de l'Arsenal et Picard, 2001, p.41). Ce sera jusque dans les années 1920 la tendance dominante dans l'architecture industrielle.
Renfoncement (d'un mur) : retrait d'un mur par rapport au nu* principal de celui-ci.
Sommier : Pierre disposée au niveau de l'assise de l'arc. Il fait couramment l'objet de recherches décoratives.
Soubassement : élément architecturé du rez-de-chaussée qui forme généralement une bande située sous les fenêtres de ce niveau, mais qui peut parfois le recouvrir presque entièrement. Il renforce l'impression de masse et de solidité des fondations.
Style : manière de faire, de réaliser adoptée par les architectes selon les périodes.
Travée : alignement de fenêtres superposées entre elles.
Tripartition spatiale : division spatiale répondant à une norme adoptée par la bourgeoisie faisant correspondre la fonction des pièces à leur importance sociale. Ainsi les pièces
dites de réception (séjour, salle à manger, bureaux, bibliothèque, fumoir...) sont orientées sur la rue principale suivant cette convention; celles intimes (chambres, parfois les salles de
bains...) sur une rue secondaire ou sur la cour principale; celles utilisées pour le service (cuisine, buanderie, office...) et les chambres de domestiques sur une cour secondaire ou une courette
si la salle est suffisamment petite.
Trumeau : portion du mur séparant deux travées*.
Tyrolienne (ou enduit tyrolien) : Ciment projeté offrant une texture particulière sur les murs, en mouchetis, particulièrement sensible à la pollution.
Voussure : Arrondissement d'une arête prédéfinie dont la section reprend une forme circulaire (quart de cercle le plus souvent). Cela concerne aussi bien des porches que des plafonds.
Pour plus de précisions, se référer notamment à l'ouvrage de PÉROUSE DE MONTCLOS Jean-Marie, Architecture : description et vocabulaire méthodique, Paris, Editions du Patrimoine : Centre des Monuments Nationaux, 1972 (dernière édition 2011).